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Bas les masques
Titre français : Bas les masques (2022)
Auteur : Cédric Plouvier (France)
Edition : La Grande Vague
Résumé : 1918. Le lieutenant Camille Loucet est piégé dans l’enfer des tranchées avec ses hommes. Dans l’horreur des combats, il découvre parmi les cadavres semés par la guerre des corps étonnamment mutilés et frappés d’un étrange symbole sur la nuque. Est-ce une marque ? Un sceau ? Quelle était sa signification? Une question qui demeura en lui, sans réponse.
La guerre est terminée, et Loucet est devenu inspecteur d’académie adjoint. Un jour, il est envoyé inspecter un pensionnat pour jeunes garçons, perdu dans une forêt des Ardennes, non loin des tranchées où il a jadis combattu. Mais, il découvre par hasard sur le bureau du directeur une feuille contenant le fameux symbole. Dès lors, son inspection va prendre un tournant inattendu.Je remercie l'auteur pour ce service presse.
Mon avis :
Un nouveau partenariat avec l'auteur, qui s'essaie avec réussite au roman suspense et historique.
Tout juste revenu de la guerre, Camille Loucet est chargé d'inspecter une école où le taux de réussite est anormalement élevé. Sur place, il découvre un mystérieux symbole qui le hante depuis l'enfer des tranchées et des faits étranges alimentent sa méfiance envers le personnel éducatif.
Si Camille est revenu indemne physiquement de la guerre, son esprit est tourmenté par les horreurs dont il a été témoin et qu'il a dû perpétrer au nom de la liberté. Tout accaparé par un signe mystérieux, sa détermination à creuser se renforce lorsqu'il l'aperçoit sur un dossier dans le bureau du directeur. Sans savoir vraiment où chercher, Camille part à la découverte de l'ancienne abbaye qui abrite l'établissement scolaire. C'est ce que j'ai le plus aimé : circuler dans ce monument historique et religieux, qui regorge de passages secrets.
De jour, l'extérieur apporte l'apaisement. Dans ma représentation du lieu, aucun bruit extérieur ne vient perturber ce calme, hormis le chant des oiseaux, les pas du personnel. A l'intérieur, ces rares bruits de la nature sont étouffés par le bâtiment, le silence règne, et les battements de cœur de Camille n'en deviennent que plus assourdissants dans les ténèbres labyrinthiques des souterrains. Car la nuit est propice à la déambulation afin de ne pas attirer l'attention. En effet, l'inspecteur se sent épié par les surveillants ; la prudence s'impose, d'autant qu'il a l'impression que le directeur lui cache des choses. Il le comprend, s'il veut des réponses, il doit les chercher par lui-même et trouver des alliés. Et encore, peut-il vraiment faire confiance à ce qu'il voit ?
L'intrigue est très calquée dans le présent, dans le sens où l'on ne s'intéresse pas aux états d'âme du protagoniste en dehors de l'affaire en cours. A part la guerre récente, il ne revient pas sur le passé. Il partage le minimum. Son rapprochement progressif avec un élève et la construction et l'évolution de cette relation m'ont beaucoup plu. La plume ne s'appesantit pas sur le ressenti ou les émotions, pourtant j'ai trouvé que ces passages faisaient ressortir une certaine sensibilité, tout en pudeur. Et puis en retrait mais bien présente, la violence : incompréhensible, mystérieuse, insaisissable. Où tout cela allait nous mener ? Je n'aurais pas imaginé. Je suis à la fois déçue par la fin rapide après la révélation, et en même temps, l'évidence et la triste réalité de ce que suggèrent les derniers mots.
J'ai surtout apprécié le décor austère, lié à la période historique et au lieu ; l'atmosphère un peu angoissante due aux sons lointains inexpliqués, à l'enceinte de l'école ; Camille qui perd ses repères mais persiste dans sa quête jusqu'au bout. Tout cela narré d'une plume qui m'enchante par son élaboration et sa fluidité. Je ne m'en lasse pas.
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Commentaires
Je ne connaissais pas du tout mais je note autant pour l'atmosphère que la curiosité que ta chronique a éveillée en moi !