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L'archipel d'une autre vie
Titre français : L'archipel d'une autre vie (2016)
Auteur : Andreï Makine (Russie)
Langue : française
Edition : Seuil
Résumé : Une chasse à l’homme à travers l’infini de la taïga, au crépuscule de l’ère stalinienne. Qui est donc ce criminel aux multiples visages que Pavel Gartsev et ses compagnons doivent capturer ?
Insaisissable, le fugitif paraît se jouer de ses poursuivants, qui, de leur côté, s’emploient à faire durer cette traque, peu pressés de retourner au cantonnement. Dans cette longue parenthèse rythmée par les feux des bivouacs et la lutte quotidienne contre les éléments se révélera le vrai caractère de chacun, avec ses lâchetés et ses faiblesses.
Un à un les hommes renoncent, découragés ou brisés par les ruses déroutantes de leur adversaire, jusqu’au moment où Pavel se retrouve seul à la poursuite de cette proie mystérieuse. Une étrange communion à distance semble alors s’instaurer entre ces deux êtres que tout sépare. Lorsqu’il connaîtra l’identité véritable de l’évadé, sa vie en sera bouleversée. La chasse prend une dimension exaltante, tandis qu’à l’horizon émerge l’archipel des Chantars : là où une « autre vie » devient possible, dans la fragile éternité de l’amour.Mon avis :
Je ne connaissais ni le titre, ni l'auteur de ce roman avant de me lancer dans sa lecture. C'est mon oncle qui me l'a prêté et j'en suis ravie, car j'ai totalement adoré.
Pavel Gartsev fait partie d'un commando à la poursuite d'un évadé d'un camp, sous Staline. La petite troupe n'est pas pressée de retourner à sa vie normale et la traque perdure.
J'ai d'abord été sceptique quant à la forme. En effet, Gartsev raconte son histoire à un adolescent. Je n'aime pas trop ce genre de narration, car souvent on oublie l'auditeur principal ou le narrateur. Cependant ici, ce n'est pas le cas et c'est avec bonheur que j'ai vu le récit reprendre sur ce jeune garçon.
En ce qui concerne le fond, je me suis laissé emporter par cette histoire captivante qui, a priori, n'avait pas l'air de l'être. Après tout, on suit inlassablement, jour après jour cinq hommes poursuivre un évadé à travers la Taïga. Mais il se trouve que l'auteur raconte très bien et qu'en plus sa plume est extraordinaire. On ne s'ennuie pas, car on est tenu en haleine et le poursuivi déborde d'ingéniosités pour les semer. Il renouvelle ses ruses et le commando s'y fait prendre à chaque fois. J'ai bien aimé aussi le fait qu'au départ, ils sont cinq hommes, mais qu'au fil des jours, on en perd un régulièrement. J'ai trouvé cela amusant. Ils font les gros durs et se la pètent avec leur grade, usent de leur pouvoir pour certains, mais au moindre bobo, ça remet tout en question.
Et puis l'environnement est bien choisi. La Taïga regorge de beautés et de surprises, cette forêt qui commence à prendre froid dès le mois de septembre. Tout cela influe sur l'état physique et moral des hommes et sur la traque elle-même. Et parlons-en de ces hommes. Ils sont tous dépendants les uns des autres dans cet environnement sauvage, mais leur place par rapport aux autres (grade) doit leur rester en mémoire. S'ils se permettent quelques écarts, ils ne doivent pas oublier que leur sort est entre les mains des autres plus hauts dans la hiérarchie. La moindre rumeur peut effondrer chaque effort et certains sont prêts à tout pour garder leurs privilèges. Le dénouement est tout aussi beau que le reste.
Un livre magnifique par son histoire et son écriture. Il s'est révélé comme une sorte d'illumination pour moi et je relirai l'auteur sans aucun doute.
Lu dans le cadre des challenges # 73 et # 74
Note : 19/20
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