-
Les Enfants de Venise
Titre français : Les Enfants de Venise (2017)
Titre original : La ragazza che toccava il cielo (2013)
Auteur : Luca di Fulvio (Italie)
Traducteur : Françoise Brun
Edition : Slatkine
Résumé : Quand Mercurio s’était jeté dans le canal, Giuditta avait eu la tentation de le retenir. Ou de s’y jeter avec lui. Elle ne voulait pas renoncer à la sensation de sa main dans la sienne. Elle ne voulait pas renoncer à lui. Déjà, les nuits précédentes, dans le chariot, elle avait senti une forte attraction pour les yeux de cet étrange garçon. Qui était-il ? Il n’était pas prêtre, il le lui avait avoué. Quels mots avait-il dits en sautant du bateau ? Elle se souvenait à peine. Sa tête se faisait légère. “Je te retrouverai”, voilà ce qu’il avait dit.
Mon avis :
Voilà plus de trois ans que j'ai découvert l'auteur avec le superbe Gang des rêves. J'avais très envie de retenter l'expérience mais je repoussais toujours. Un défi littéraire a été l'occasion de me lancer enfin.
Après un larcin qui a mal tourné, Mercurio et ses deux acolytes quittent Rome pour rejoindre Venise. En chemin, il rencontre Giuditta, jeune fille juive accompagnée de son père en quête d'une nouvelle vie. Le coup de foudre les frappe au premier regard. Séparés avant d'entrer dans cette terre promise, Mercurio jure de la retrouver.
Le début du roman ne présageait pas ce chef d'œuvre qui a défilé devant mes yeux avides et gourmands. En effet, au début, mes sens saturés par les odeurs pestilentielles, j'ai pensé que ce roman ne serait pas à la hauteur du Gang des rêves. Il a finalement dépassé toutes mes espérances.
L'immersion historique est totale dès la première phrase, avec cette puanteur envahissante et ces descriptions détaillées qui font étalage de crasse et de violence. Puis le rideau se lève sur Venise, révélant sa beauté, dissipant ces relents nauséabonds. Pourtant, l'auteur ne nous épargne pas la misère humaine qui côtoie la somptuosité de certains quartiers. De sa plume posée, la narration se construit lentement, mais bientôt devant l'ampleur de l'intrigue et la profondeur des personnages, je me suis laissé entraîner dans ce décor du XVIe siècle.
L'amour de Giuditta et Mercurio est simple mais tellement fort, incompréhensible d'abord, avant de s'imposer comme une évidence. Ils se heurtent malgré eux à des difficultés extérieures qui pourraient écrouler leur idylle ou la renforcer. J'ai particulièrement apprécié l'innocence amoureuse et sexuelle de Mercurio dans ce monde corrompu, où lui-même remplit son rôle à merveille, très au fait de pratiques peu scrupuleuses. Son audace et son caractère pétillant provoquent à la fois attirance et méfiance.
De nombreux personnages gravitent autour d'eux, tous autant travaillés les uns que les autres, chacun avec sa part d'ombre. A travers leurs cheminements, le récit aborde de nombreux thèmes, tels que la médecine et l'antisémitisme.
Après un temps d'adaptation dû à l'époque, ce roman m'a transportée. Les personnages captivants et l'intrigue abstraite de prime abord ont suscité beaucoup d'émotions. Magistral !
Lu dans le cadre du challenge # 101
20/20
-
Commentaires