Mon avis :
J'ai beaucoup entendu parler de l'auteur et de ce roman en particulier, et la couverture est vraiment très belle. Je me le suis donc procuré en papier lors d'un salon ; l'auteur n'était pas présent, une prochaine fois peut-être.
Pour Karan, la chirurgie est toute sa vie. Lorsque sa main devient hors service après un accident, il ne sait plus de quoi demain sera fait. Pour lui changer les idées et lui laisser le temps de réfléchir à son avenir, son ami Lorenzo l'emmène avec lui à Djibouti d'où il transportera du matériel scientifique jusqu'au Kenya en passant par l'Ethiopie ; l'occasion pour le médecin de retourner dans ses souvenirs.
Je commence par le mauvais point, comme ça ce sera derrière. Mais ce n'est pas vraiment un reproche du livre. Simplement, j'ai cru comprendre qu'il était question de la survie des guépards, et c'est le cas, c'est vrai, mais je pensais qu'ils occuperaient plus de place dans le récit, or on ne les voit qu'à la fin. Je m'étais fait une fausse idée du livre et j'avoue que cela m'a un peu déçue.
A la place, l'auteur nous offre un road-trip africain dans un camion militaire réaménagé. Au départ de ce long voyage, ils sont trois : la chef de mission accompagne les deux amis. Ce périple est ponctué de rencontres inattendues et de séparations marquantes, bonnes comme mauvaises, mais chacune changera à jamais les personnages. Et alors que le véhicule avale les kilomètres, Karan s'enfonce en lui-même et effectue un cheminement intérieur. Il prend conscience que la vie n'est pas toute tracée, qu'il est à une croisée des chemins, dont dépend son avenir. C'est une véritable remise en question, qui prend son temps. Ce n'est pas une illumination, mais une compréhension qui se fait jour petit à petit. Au bout du chemin, on se dit que finalement ce fut un mal pour un bien.
J'ai été subjuguée dès les premiers chapitres, qui posent les bases de l'histoire. Ensuite, une légère déconvenue alors que j'attendais des félins qui ne venaient pas. Puis un événement déchirant à relancer la machine, et jusqu'au bout, j'ai suivi les amis avec beaucoup d'intérêt. La narration décrit un décor magnifique. Mais il ne faut pas se laisser berner par cette beauté. Pour chaque merveille, il semble qu'un danger rôde dans les alentours, les plus grandes précautions s'imposent. Ce récit est un choc de cultures, européenne versus africaine, tant dans le mode de vie que dans la façon d’interagir avec autrui. Ils sont accueillis à bras ouverts par des Masaïs dont les possessions matérielles se résument à peu de choses, mais qui ont un grand cœur. Le récit ne touche pas seulement la sensibilité, mais réveille également nos papilles. Ca fait plaisir de découvrir la cuisine africaine – plus particulièrement quelques spécialités éthiopiennes.
Au début, la douleur de Karan s'oppose à l'angoisse de Kenza. Heureusement, la bonne humeur de Lorenzo apaise les tensions et relâche la pression tout au long du trajet. C'est avant tout une très belle histoire d'amitié ; l'humanité ressort à chaque tournant du roman.
Au-delà du temps et de l'espace, cette expédition nous pousse à l'introspection. La magie africaine a opéré sur moi.
Lu dans le cadre du challenge # 99
Note : 17/20