• A la croisée des destins

    A la croisée des destinsTitre français : A la croisée des destins (2019)Destination Providence

    Auteure : Barjy L. (Belgique)

    Langue : française

    Edition : Mix

    Résumé : La souffrance des uns ne peut exister en dehors du regard des autres.
    Des portes closes, des greniers cadenassés, des coups que l’on étouffe, des cris que l’on muselle, des existences que l’on nie. C’est le destin de ces milliers d’êtres qui souffrent de la violence des hommes sans que personne ne leur tende la main. Parce que les autres ne savent pas, ne voient pas. Ou ne veulent ni voir ni savoir.
    Ce destin, c’est celui de Raiden – Rage – qui tente de noyer sa souffrance dans celle des combats clandestins. Pour oublier la violence d’un père, la lâcheté d’une mère et les yeux d’un petit frère.
    C’est aussi celui de Kian, l’enfant du grenier. Kian qui n’a ni âge, ni nom, ni passé. Il n’est personne. Il n’est rien, si ce n’est trente années d’horreurs à jamais gravées dans sa chair.
    Mais il arrive que les destins se croisent et que, de l’avanie humaine, surgisse la plus pure des amitiés. Quand deux âmes perdues se rencontrent derrière les portes d’un hôpital psychiatrique et tentent, avec cette rage de vivre qui est tout ce qu’il leur reste, de se reconstruire. Ou peut-être seulement de se construire autrement…

    Je remercie les éditions Mix pour ce service presse.

    Mon avis : 

    Je ne connaissais pas encore l'auteure, je me suis laissé tenter par cette magnifique couverture, et j'ai bien fait.

    Raiden participe à des combats illégaux pour évacuer la rage de son passé. Le procureur lui offre une dernière chance avec un poste d'homme de ménage dans un hôpital psychiatrique pour indigents. Dès qu'il croise les yeux de Kian, il se laisse engloutir et saisit cette opportunité de se sauver tous les deux.

    Kian s'est recroquevillé à l'intérieur de lui-même, pour s'épargner, pour sauver ce qu'il subsistait de son être, de son esprit. Il s'est créé un endroit sûr, à l'écart de l'horreur. Avec le temps, ce lieu connu de lui seul le garde prisonnier du reste du monde, l'empêche de reprendre contact avec la réalité. Mais quelle réalité ? Sa vie n'a été que méchanceté, douleur et supplice ; la bonté, l'amour, il ne connait pas, il est incapable ne serait-ce que d'imaginer ce concept, alors le vivre est hors de portée. Pourtant, au fond des yeux de Raiden, il voit une souffrance semblable à la sienne et il s'y raccroche. Ce regard est un premier pas, un lien d'abord fragile mais bien réel. Le passé de Kian est perturbant, révoltant, bouleversant.

    Raiden a vécu une enfance difficile, son frère était sa seule ancre. Il résistait pour lui, grâce à lui. Alors quand il n'est plus là, Raiden est vraiment seul. Rien ne le retient. En tout cas le croit-il, mais au fond de lui, n'a-t-il pas envie de vivre ? Ce travail se révèle bien plus qu'une activité professionnelle. Ces nouvelles rencontres ont un impact irréversible, il reprend goût à la vie, ou il la découvre plutôt, il se laisse porter par toutes sortes d'émotions, de sentiments nouveaux. Ce lien avec Kian, il ne le comprend pas, ne cherche pas à le comprendre. Il l'accepte et s'y raccroche lui aussi. C'est fort, intense, puissant, il ne peut y échapper.

    Comment peut-on infliger une telle brutalité à ses semblables ? Et pourtant, le pire, c'est l'invisibilité, l'indifférence. Comment est-ce même possible que cela arrive sans que personne ne s'en rende compte ? La cruauté est parfois à deux pas de chez nous sans qu'on le sache, ou sans qu'on veuille la voir. Ce roman rend hommage à toutes ces personnes oubliées, souvent jugées (in)consciemment pour leurs actes sans chercher à en comprendre la raison. Cette histoire nous remet en question ou nous ouvre les yeux, la plupart d'entre nous n'avons finalement pas à nous plaindre.

    La plume est très belle, bien que je n'aie pas trop apprécié le style des incises, qui cassaient un peu mon rythme. L'auteure narre des faits horribles, mais elle le fait de manière grandiose. L'évolution du récit et des personnages est parfaitement dosée, lente mais certaine et surtout crédible. Malgré les difficultés, l'espoir persiste, infime mais indubitablement présent. On assiste à une construction de l'identité d'un être à part entière, indépendant, même si la trace du bourreau ne s'efface jamais.

    Je précise que le logo -18 indique des scènes de violences physique, morale et sexuelle, aucune scène érotique ici.

    Une pépite qui m'a fendu le cœur !

     

    Note : 18/20


  • Commentaires

    1
    Mardi 25 Février 2020 à 13:36
    Millina

    Oh ca a l’air bien. Qu’est-ce que tu veux dire par incisif ?

    Merci pour cette belle chronique !

      • Mardi 25 Février 2020 à 19:04

        Je parle des incises dans les dialogues, je n'ai pas trop aimé comment elles sont faites, ça m'a un peu gênée. Sinon, c'est très bien écrit.

        Merci !

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