Titre français : De la chair à l'extase (1991)

Titre original : ? (≈1644)

Auteur : Yu Li (Chine)

Traducteur : Christine Corniot

Langue : française

Edition : Philippe Picquier

Résumé : Ce classique de l'érotisme est aussi l'un des plus célèbres romans chinois. Écrit au XVIIe siècle par un conteur de génie, esprit libre et persifleur, il raconte les apprentissages érotiques d'un lettré libertin. Pour elles, il subira une opération chirurgicale. En dépit de sa réputation scandaleuse, un roman d'aventures et une œuvre classique et ambitieuse, pleine d'humour et d'ironie.

Mon avis :

J'étais curieuse de lire ce classique érotique chinois.

Déçu par les paroles d'un moine, Weiyangsheng s'en retourne à sa vie et décide de se chercher une épouse. Rapidement las, il part à l'aventure des corps et de l'amour.

La narration est à la troisième personne du singulier et nous permet de suivre plusieurs personnages, pas seulement le protagoniste. J'ai surtout apprécié les quelques petites phrases où le narrateur s'adresse au lecteur, disant par exemple qu'il obtiendrait des réponses au chapitre suivant, ou plus loin. Bien sûr, c'est classique, le style s'en ressent, c'est bien écrit et bien traduit, en dehors de quelques tournures qui m'ont paru déphasées avec le reste.

Weiyangsheng sait ce qu'il veut, et c'est du sexe. L'assouvissement de ses désirs le rend vivant. L'enseignement est un prétexte pour s'éloigner de sa femme, pourtant belle et dévouée ; je ne suis même pas certaine qu'il étudie vraiment. En revanche, il met beaucoup d'énergie à répertorier les femmes qu'il croise, notant leurs caractéristiques physiques et statuts familiaux. Trouver l'amante parfaite s'annonce compliqué, qui l'eut cru ! Une fois la femme repérée, Weiyangsheng met en place des stratégies pour l'atteindre, mais il n'est pas le seul à comploter pour remplir ses objectifs.

L'érotisme est clair et net, pas de sous-entendus, mais parfois de jolies métaphores pour désigner les parties intimes. Weiyangsheng est peut-être un amant accompli, emmenant ses partenaires et lui-même au sommum du plaisir, jusqu'à l'extase, il n'est pas très créatif niveau positions. Les jambes de sa maîtresse par dessus ses épaules, il est prêt à la besogner jusqu'à la libération, voire plusieurs orgasmes pour elle. Cependant, il prend le temps de la caresser, utilisant aussi bien ses mains que sa bouche sur toutes les parties de son corps. Et puisque la recherche de sa future conquête s'éternise, il n'hésite pas à se soulager avec son serviteur.

Mais voilà, comme tout le monde, Weiyangsheng a des doutes : la taille de son pénis le complexe et il va jusqu'à subir une chirurgie pour l'agrandir. Je vous fais grâce de la méthode, c'est dégoûtant, mais ça fonctionne, et notre héros avide de sexe en ressort non seulement plus volumineux mais encore plus endurant. J'ignore si les Chinois comptaient le nombre de coups de reins à l'époque, mais pour prouver sa maîtrise et convaincre ces dames, il affirme pouvoir effectuer plusieurs centaines de mouvements, et ma foi, on ne pourra pas dire qu'il n'y met pas du sien, il ne lésine pas sur ses efforts.

Alors qu'il s'enlise dans la débauche, le jeune homme n'imaginait pas les proportions démesurées des conséquences de ses actes. L'épilogue blâme les comportements libertins et condamne les agissements du protagoniste. Culpabilisé par le drame, Weiyangsheng abandonne sa vie et s'engage sur le chemin du repentir. J'en suis arrivée à questionner le but du livre : exciter les sens du lecteur ou le mettre en garde ?

Petite anecdote : pendant que Weiyangsheng s'ennuie, sans amante depuis des mois, il rêve qu'un jour les hommes pourraient utiliser des objets, des tubes tel un vagin, pour satisfaire leurs pulsions en solitaire.

Ce fut une lecture divertissante, quoique je n'approuve pas le comportement de Weiyangsheng.

Lu dans le cadre du challenge # 35

Note : 13/20