-
Mille ans après la guerre
Titre français : Mille ans après la guerre (2017)
Auteure : Carine Fernandez (France)
Langue : française
Edition : Les escales
Résumé : Un autre regard sur la guerre d'Espagne.
Miguel est un vieux solitaire, veuf depuis des années, qui n'apprécie que la compagnie de son chien Ramon. Il vit dans une cité ouvrière de la région de Tolède. Un matin, il reçoit une lettre de sa sœur Nuria. Elle a perdu son époux et compte venir vivre auprès de lui. Le vieux est pris de panique : sa sœur chez lui, c'en est fini de sa tranquillité, de son bonheur innocent avec Ramon. Il faut fuir ! Son chien sur les talons, le vieux prend un autocar en direction de l'Estrémadure, où il n'était jamais retourné depuis la guerre civile.
Montepalomas, le village de son enfance, est enseveli sous les eaux d'un barrage. Pourtant du lac les souvenirs remonteront. Des pans entiers de sa jeunesse belle et terrible, quand on l'appelait Medianoche (" Minuit ") et que vivait encore son frère jumeau, Mediodia (" Midi "). Un frère assassiné par les Franquistes et dont le visage, mille ans après la guerre, hante toujours Miguel. Mais peut-être est-il temps de se libérer du passé...
Dans un style ample et généreux, Carine Fernandez dessine ce voyage intérieur vers la rédemption, tout en revenant sur les années les plus noires qu'ait connues l'Espagne.Mon avis :
Ce livre m'intéressait par son point de vue espagnol de la guerre.
Miguel vit seul avec son chien depuis la mort de sa femme. Et cette vie lui convient très bien. Alors quand sa sœur s'invite toute seule pour vivre avec lui car elle aussi est veuve, Miguel fuit et retourne dans son village natal – ou ce qu'il en reste – et ses souvenirs resurgissent.
On ne connait pas vraiment Miguel, d'ailleurs sans le résumé je crois que je n'aurais même pas su son prénom. C'est toujours écrit : "il" ou "le vieil homme". On découvre un peu qui il est au fil des souvenirs, mais même à la fin, on est loin de le connaître. J'ai eu l'impression que toute sa vie, il est dans l'ombre d'autres personnes, ou bien il est resté en retrait, un sourire poli plaqué sur le visage. Il a vécu des moments très difficiles, alors que dans les faits, il n'était pas responsable. Il n'a jamais vraiment été maître de sa vie. En revanche, je n'ai pas compris pourquoi il s'est laissé enfermer dans un mariage, peut-être pour rester dans le rang, ne pas attirer l'attention de l'Etat, faire comme tout le monde ; au pire il aurait pu rester célibataire. C'est difficile de s'attacher parce qu'on reste dans les faits. Il n'est quasiment jamais question de sentiments ou de ressentiments par rapport à ses différentes situations, ou alors on ne s'attarde pas dessus. Tout ce qu'on sait, c'est qu'il aime son chien. J'ai donc eu du mal à m'attacher au protagoniste, c'est dommage.
Cependant, j'ai bien aimé le côté historique. La guerre, on en entend parler souvent du côté français, anglais, américain et allemand, à la rigueur japonais, mais c'est plus rare des autres pays. Je ne savais pour ainsi dire rien du point de vue espagnol, donc j'ai appris beaucoup de choses et bien sûr les conditions de vie dans les camps de concentration ne m'ont pas laissée indifférente. On voit ensuite comment il s'en sort après la guerre, après les camps, après sa famille. Mais ce n'était pas assez, d'autant que le livre est assez court (230 pages). Par exemple on ne sait pas trop finalement l'incidence qu'a eu Franco sur la vie des Espagnols, notamment des Républicains, même si notre protagoniste fait son possible pour rester invisible. De même avec la narration au présent, j'ai été à la fois surprise de façon positive et déçue.
Une lecture intéressante pour son côté historique espagnol mais avec un style trop détaché et un goût de trop peu.
Lu dans le cadre du challenge # 80
Note : 15/20
-
Commentaires